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Le festival Racines de ciel 2025

« FICTIONS VRAIES » 

La thématique que nous avons choisie pour l’édition de 2025 explore l’une des grandes orientations de l’écriture contemporaine : le souci de rendre compte de la réalité du monde sous tous ses aspects, que ce soit par l’enquête, l’autofiction, l’aveu, le récit de vie, le témoignage ou la revisitation de l’histoire. 

Tous les procédés romanesques mis en place depuis des lustres pour inventer des histoires et des personnages, développer des intrigues, tenir le lecteur en haleine par les moyens de l’imagination sont aujourd’hui repris et réutilisés par de nouveaux aventuriers du monde réel pour apporter un nouvel éclairage sur les ombres de la vie personnelle, sociale, familiale ou professionnelle, sur les zones occultées de l’histoire ou du monde politique ou pour transcrire avec le plus de précision possible une expérience vécue. Le vieil art de conter et de raconter se double aujourd’hui du désir de témoigner, restituer, révéler, dénoncer, mettre en lumière. 

Entre les écrivains, les historiens, les reporters, la frontière devient poreuse. Tel romancier chevronné se mue en journaliste pour rendre compte d’un procès, tel journaliste se sert des résultats d’une enquête patiente et approfondie pour développer le roman réel d’une ténébreuse affaire, tel historien exhume des archives une figure singulière qui prend place parmi les personnages qui peuplent notre imaginaire. 

C’est tout notre rapport à la littérature qui se trouve à la fois déconcerté et enrichi. Déchiffrer l’énigme du monde à travers la médiation de la fiction a toujours été l’objet de la littérature, mais que se passe-t-il lorsqu’un écrivain décide de raconter « une histoire vraie » ? 

Nous avons voulu demander aux auteurs que nous avons choisis comment ils se situent par rapport à ce désir de vérité qui préoccupe la littérature d’aujourd’hui. Comment s’opère ce déplacement ?
A quel désir et à quelle règle obéit-il ? 

Change-t-on de manière d’écrire, de ton, de style ?
Comment être sûr que la vérité que l’on recherche ne sera pas dénaturée pas l’usage de la fiction ?
Peut-il vraiment y avoir des fictions vraies, des romans du réel ?
Et qu’est-ce qui distingue alors cette tentative littéraire de l’essai historique, du récit journalistique, du reportage qui prétend à la neutralité et à l’objectivité ? 

Ce sont ces questions brûlantes sur l’enjeu de la littérature qui seront au cœur de ce prochain festival. 

Albert Dichy

Président 

 

 

Boualem Sansal

Au risque de se perdre …
Il a été partout, partout où il pouvait aller, pour dire, informer, partager, alerter…
Il a été là, à Ajaccio, avec nous, ses amis, nous tous ses amis, car il sentait bien que nous étions dans un rapport de vérité à ses côtés. Et comment aurions-nous pu faire autrement, comment aurions pu ne pas répondre à cet homme traversant les mers, prévenant chacun, prévenant au double sens du terme tant il est attentif à l’autre plus qu’il ne l’a été à lui-même, n’hésitant à prendre tous les risques pour cela ? Et la suite a malheureusement démontré qu’il s’agissait bien d’un risque majeur capable de mettre sa vie en péril.
Sa première venue dans l’île a eu lieu en 2018. C’était pour nous l’année de la première secousse tellurique qu’il savait insuffler. Dans cette salle rouge et intime du Palais Fesch, debout, il donnait à voir et à entendre sa parole, il prévenait.
La marche du monde continuait. Qu’est ce qu’on pouvait faire pour tenir compte de ce que Boualem nous annonçait ? Nous faisions écho à ses propos, nous servions la culture inlassablement, nous donnions la parole aux auteurs – c’est notre vocation.
Le livre que Boualem est venu présenter à Ajaccio en 2024, s’appelle Vivre. Son épouse avait été malade, ils avaient tous deux traversé cette épreuve douloureusement, et il avait décidé d’aller vers la vie. A une spectatrice lui demandant que faire dans cette période de plus en
plus difficile, il a répondu : « C’est vrai, maintenant nous y sommes ! Mais on ne va pas se suicider ? Alors on y va et on verra bien ! »
Il y avait eu ce soir-là un flottement d’émotion dans l’air alors que nous écoutions cet homme qui face au désastre, choisissait de garder la tête haute.
Voilà, Boualem a fait le choix de ne pas se dérober. Cet avion au départ de Paris vers Alger, il pouvait ne pas le prendre, mais il avait pris la décision de retourner dans son pays.
Aujourd’hui, privé de parole, il ne peut plus s’adresser à nous. Mais chaque jour qui passe nous rappelle son existence et pose la question du sacrifice pour une cause. Est-ce que Boualem a choisi de s’exposer pour faire entendre au monde ce qu’il savait trop bien ?
L’entretien filmé le 26 avril 2024 au Palais Fesch nous dit beaucoup sur ses forces vives.
Souhaitons qu’elles l’accompagnent aujourd’hui et lui permettent de garder cette bellehauteur qu’il a su ce soir-là nous insuffler !

L'aventure Racines de ciel

Une recherche autour du processus de l’écriture, puis une orientation méditerranéenne dans ce même cadre, ont occupé les premières éditions.
L’arrivée au Palais Fesch-musée des Beaux-arts a ouvert la voie à bien des possibles qui aujourd’hui s’épanouissent.Les rencontres avec le public et les acteurs du livre, l’accueil réservé par le musée et ses équipes, la volonté de chacun de répondre aux demandes, les conseils venus de ceux qui nous soutiennent, tout s’est mis en place pour nous montrer les directions qu’il était possible de prendre pour servir le livre et ses lecteurs.
Racines de ciel a choisi de suivre les forces de propositions qui se sont présentées, chacun y est porté par le désir de circuler dans l’univers sensible du poète et de le partager.

Nos actions

Festival,  entretiens, ateliers d’écriture, journées professionnelles de la traduction, enseignement des métiers du livre, nouveaux rendez-vous, lecture performée, autant d’actions qui ont enrichi le projet de Racines de ciel depuis sa création en 2009.

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